Ce soir, j’ai fait un tour d’autobus voyageur. Quand j’ai acheté mon billet, c’était écrit «Joliette-Montréal» dessus. Je me préparais à une petite heure de route tranquille. Je me suis même dit que j’en profiterais probablement pour faire une sieste. J’étais loin de me douter que je ferais un détour par la France. Quelle merveilleuse escapade!
Tout a commencé lorsque la voix de Bonnie Tyler s’est mise à susurrer à tous les passagers de l’autobus (ça vaut la peine de (re)voir l’intense vidéoclip, même si, pour ce faire, vous devez couper le son après une seconde et quart):
TRABOULIDON! Je suis passée dans une autre dimension… Je suis passée dans l’appartement qu’habitait mon amie Lydie – une Française qui a adopté le Québec quelques années – sur Mont-Royal. Un deuxième étage avec une grande terrasse qui donne sur l’avenue. On est en 2006, je crois. Il neige. Une grosse tempête, de gros flocons. L’effervescence habituelle de la rue a pris congé, laissant sa place à un calme blanc. Silence extérieur. Le peu de sons qui tentent leur chance et essaient de percer dans la nuit sont automatiquement étouffés par la neige.
Dans l’appart, le scénario est tout autre. On rigole et on picole. Bulles au goulot. On virevolte aussi sur des rythmes divers. Soudainement, je vois Lydie se rendre d’un pas résolu vers son lecteur CD (eh non, on n’est pas à l’ère du MP3 universel encore!). Elle en met un nouveau, sélectionne la track désirée, monte le volume et se rend à la grande fenêtre du salon, m’attrapant par la taille au passage. C’est du sérieux. On s’arrête devant la fenêtre. On avale des bulles à tour de rôle en regardant les gros morceaux de ouate danser doucement dans la nuit et, alcool aidant (ou nuisant, c’est selon) on leur chante à tue-tête les paroles de Bonnie: «Turnaround, every now and then I get a little bit lonely and you’re never coming around… Turnaround, Every now and then I get a little bit tired of listening to the sound of my tears»… C’est ce qu’on appelle un «moment». Oh, wow! J’adore ce pouvoir qu’à la musique de me faire voyager dans mes souvenirs…
Soirée unique. Moment magique avec ma p’tite Lydie. Depuis, elle est rentrée dans son pays et s’est transformée en Lydice de Nice… Ah, Lydie!
TRABOULIDON! Toujours assise sur un siège d’autobus trop doux et trop mou, je suis (encore) passée dans une autre dimension. Cette fois, je suis passée dans l’appartement qu’habite aujourd’hui Lydie, sur la côte méditerranéenne. Je suis allée l’y voir deux fois: au début et à la toute fin de mon année française. Suivez-moi! Je vous emmène au bout de la terre. Je vous emmène au pays des merveilles. Et je vous confirme que la misère est définitivement moins pénible au soleil!
Tout juste en quelques paragraphes : Joliette, une histoire d’amitié, une vraie belle tempête de neige sur la rue Mt-Royal, Nice en filigrane, une soirée de filles bien arrosée et cette complicité, un autobus à demi-éclairé et Bonnie Tyler, le petit fil qui dépasse et qui relie toutes ces images et sensations. Vous écrivez bien!
@Richard: Merci 🙂
De rien surtout que c’est juste vrai. D’ailleurs, j’ai vraiment eu l’impression de vous voir, toutes les deux, naviguer et tituber entre les bulles en entamant à l’unisson, taille contre taille, les paroles du moment, parce qu’il fallait bien crier des sons et manifester.
🙂
Très touchant. Je trouve ton billet fort dans sa simplicité. Et tes descriptions de la neige, du temps et de l’ambiance m’ont paru parfaites. Ta mise en contexte, dans l’autobus, et ta manière de nous inviter dans tes pensées du trajet est vraiment bien. Le contraste froid / chaud aussi. Ça fait une belle histoire pleine d’humanité et d’amitié.
@M. Paul: Merci! (Et merci d’avoir pris le temps de me le dire jusqu’ici) 🙂
Très joli reportage sur Nissan la belle. Bravo. Je te découvre un peu tardivement mais ma prochaine sociale sera pour toi. Gros becs
Faut lire Nissa et pas Nissan. Et socca et pas sociale. Vive les tablettes 😈