Ces tranches de vie ont été écrites le week-end dernier…
Ce jeudi, on s’est levés à 4h15. Destination: Charles-de-Gaulle, puis Biarritz, puis Saint-Jean-Pied-de-Port (SJPP). Petit week-end basque en perspective avec bonne bouffe, bonne bière, bons vins, belles hikes à SJPP et beaucoup de repos. C’est moche à Paris, c’est la flotte. Nous nous envolons le coeur plein d’espoir: le sud du pays a certainement mieux à nous offrir… Non?
Non. Il pleut encore plus à Biarritz (oui, c’est possible). Le plan était de se rendre à SJPP en train, mais on se sent terriblement attirés vers les comptoirs de location de voiture. Après quelques minutes de magasinage, on repart, les clefs d’une Smart en mains, prêts à parcourir des kilomètres à la recherche du soleil ou, à tout le moins, de la Pension E. Bernat de SJPP.
(Petite parenthèse ici. Dans les gares et les aéroports, je trouve ça toujours drôle de négocier le prix d’une voiture de location. Leurs comptoirs sont collés collés collés, comme des sardines en conserve. Aussi, quand on demande un prix au premier, on a l’impression que le 2e prend des notes pour arriver 5 dollars moins cher… et ainsi de suite.)

Grâce à cette location, M. Paul sait maintenant qu'il n'achètera jamais de Smart. Il trouvera d'autres alternatives «vertes». Vous constaterez aussi que la compagnie de location affiche subtilement le fait que cette voiture consomme 112g (deux barres Mars selon M. Paul) de CO2 par km.
Quelques kilomètres plus tard, on arrive à SJPP. Première impression partagée? «C’est pas mal plus touristique que je pensais!». Effectivement. Tremblant. Ou plutôt St-Jovite et sa rue principale où tout se passe. Avec toutefois en prime, une belle citadelle, un pont Romain très chouette, plein de Kukuxumusu dans les boutiques et des gâteaux basques.
Moins soutenue, la pluie continue tout de même à se manifester par spasmes d’ondées. Des gros spasmes. Les journaux du coin rapportent un mercredi noir où orages, pluie démentielle et grêle se sont relayés. Ce que confirme la propriétaire de notre pension. Des clients ont eu droit à une nuit mouillée, son toit n’ayant pas résisté à la pression… Souhaitons que la chambre Espelette, où nous dormirons, ne se transforme pas en soupe aux piments.
Pour dîner, on entre dans une petite brasserie où M.Paul choisit une spécialité du coin: l’assiette de pied de porc (et non de Pied de Port quoique oui, on l’avoue, le jeu de mots a été fait au cours du repas, avec un gros roulement de tambour à la fin). Et quand on parle «pied de porc» à la Brasserie Ttapia on y va dans le sens littéral de la chose. Aucune trace de viande sur ce pied, mais il a bien tous ses orteils, ses os, ses articulations, ses tendons, ses cartilages… Le tout, bien frit, une petite mousse blanche frétillante en témoignant. Je crois qu’on ne peut malheureusement pas parler d’un «régal» pour le pauvre homme… On s’est donc ensuite rapidement dirigé vers une boulangerie, question d’essayer le célèbre gâteau basque et de contenter son estomac. Le résultat fut plus probant…

Le terme «pied de porc» de la Brasserie Ttipia de St-Jean-Pied-de-Port est à prendre... au pied de la lettre (on y prend goût aux jeux de mots!)
Petite visite du village, marche jusqu’à l’ancienne citadelle maintenant transformée en collège, pluie… D’un commun accord, on embarque dans la voiture. La pluie, on se la tapera demain sur le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle s’il le faut, mais aujourd’hui, on est tous les deux plus «type sec»…

Petite promenade vers la Citadelle...

La Citadelle / collège.
Donc tour de voiture jusqu’à Roncesvalles. Je n’ai aucune idée du temps que ça a pris. Parce que fidèle à mon habitude, dès que la voiture s’est mise en marche j’ai combattu le temps d’une conversation «décente» pour ne pas éveiller les soupçons – qui, de toute façon, avec M. Paul, ne s’endorment plus, eux – puis je me suis assoupie. C’est inévitable. C’est comme si dès qu’on met l’auto en marche, ça criait «Moteurs… ACTION!»; et que l’action pour moi se déroulait alors dans mes rêves. Ce n’est que quand on finit par COUPER! le moteur de la voiture que je me réveille… Le hic, c’est que l’ACTION! débute parfois en plein milieu d’une conversation rythmée et remplie de suspense. Par exemple (Cette conversation est rapportée telle quelle dans son intégralité. Aucun nom, aucun adjectif, aucun pronom n’ont été modifiés) :
M. Paul: J’ai une super surprise pour toi. Tu vas voir dans quelques minutes!
Miss K: Une surprise??? Ah oui??? C’est quoi?
M. Paul: Tu vas voir. Tu vas être contente
MissK: Mais c’est dans la voiture? Tu l’as cachée?
M. Paul (air mystérieux): Ahhhhh… J’t’le dis pas.
MissK: Ça se mange-tu?
M. Paul: Non.
MissK: Ça se boit-tu?
M. Paul: Non.
MissK: Ça bouge-tu?
M. Paul: Non.
MissK: Pis c’est quand que je vais le savoir?
M. Paul: Tu vas voir. Patience.T’as aucune idée hein?
Miss K: Zzzzzzzzzzzz…
M. Paul: Hein? T’as aucune idée?
MissK: Zzzzzzzzzzzz…
Et je ne peux rapporter le reste du monologue de M. Paul, ni vous communiquer sa durée, pour des raisons que vous comprenez… Mais je peux vous raconter le synopsis de mon rêve de porc en béquilles, si vous voulez…
Roncesvalles, c’est tout petit. Tout sympa. Et… c’était ça ma surprise… c’est en ESPAGNE. Mon petit pays d’amour. La terre natale de Kukuxumusu et Agatha Ruiz de la Prada, deux marques pour lesquelles je suis responsable de 50% du chiffre d’affaires. Mes chouchous. La terre des tapas, ces petites bouchées qui me rendent heureuse comme des sushis parce qu’elles permettent à mon (gros) côté curieux de goûter tout plein de mix de saveurs en un seul repas. Sangria. Rioja. Crianza. Aaaaaaahhhhhh, l’Espagne! Bon. Roncesvalles n’est pas non plus Barcelone, Valence, Madrid, ni même Cadiz, on s’entend, mais juste d’avoir à demander «Quisiera una cerveza, por favor» (ici, je ne me suis pas trompée!!!) fait du bien dans mon p’tit coeur. Vivement Donostia dans quelques jours!
Au retour, on arrête à la Maison du Jambon, puis dans un espèce de méga centre commercial perdu au milieu de nulle part. Pas qu’on ait envie de faire les boutiques, mais planté au milieu de nulle part, ce méga centre pique notre curiosité: «Quessé ça fait là, ça???». C’était les boutiques «hors-taxe» de la frontière. C’est ce qu’on a déduit quand M. Paul a payé ses cigarettes 2,80 euros et qu’on a vu les autobus dans le stationnement…
De retour à SJPP, la pluie étant en plein spasme, on est partis de l’autre bord, direction Urupele, qui devrait nous donner une «impression indicible de bout du monde» selon le Routard. Super joli. Mais au moment où nous y sommes, complètement mort. Tout était fermé. Et le fromager a refusé de vendre 100g de son fromage de brebis à M. Paul. Minimum 800g. Ce qui aurait fait beaucoup pour goûter, juste avant de souper.
On s’est donc rendus dans une autre fermette, plus près de SJPP, à Irouleguy qui est aussi réputé pour son vignoble (j’en témoigne d’ailleurs, le vin est EXCELLENT!!!). C’est au fin fond d’un mini-chemin qui croisait la route principale que nous avons trouvé l’établissement, tenu par une vieille dame. Ce sont ses deux fils qui font le fromage. Super accueillante, elle a gentiment accepté de ne couper que 100g de sa tomme pour nous. Reconnaissant l’accent québécois, elle a raconté – petit potin – que le boucher du coin était allé passer 10 ans au Canada où, semble-t-il, il a fait fortune. Perso, je le soupçonne d’avoir acheté un 6/49…
En soirée, petit souper dans un resto sympa à côté de notre pension. Le moelleux au chocolat et piment d’Espelette était excellent. Surtout lorsqu’avalé en simultané avec le petit sorbet aux cerises qui l’accompagnait…
Zzzzzzzzzzzzzzzzz…
Vendredi matin. Vendredi gris. Qu’importe, on fait une partie du GR35. Celle qui part de SJPP est décrite comme étant la «plus éprouvante» du chemin de St-Jacques-de-Compostelle. C’est excellent pour la sportive en moi qui a besoin de pousser la machine (des copains de hiking m’ont déjà surnommée «The Machine», d’ailleurs. Je l’écris parce que ça fait du bien à mon orgueil…)
Je ne sais pas si c’est la partie la plus «éprouvante» n’ayant pas fait le reste du GR, mais je peux dire qu’elle monte en titi. Et longtemps. Et que c’est pas mal l’fun! Je n’avais jamais vu M. Paul aussi trempé. Il pleuvait, mais son imperméable-poncho – aussi grand que les parachutes sur lesquels on faisait bondir des ballons quand on était enfant – acheté pour l’occasion, le couvrait parfaitement. Non, il était trempé «d’effort». On a monté ainsi jusqu’à a crête (environ 11-12km) puis on a fait un autre petit bout avant de faire demi-tour. C’est moche de devoir revenir sur nos pas, mais il n’y a qu’un chemin, pas de boucle, et on couche à SJPP . Sur le chemin du retour, à quelques mètres de notre point de départ, on a croisé une Asiatique qui entamait la montée. Elle nous a accostés dans un anglais approximatif, nous demandant ce que nous faisions. On a tenté de lui expliquer dans un anglais qu’elle semblait comprendre tout aussi approximativement, que nous revenions sur nos pas parce que nous ne faisions pas tout le pèlerinage. Que c’était un «one day trip» pour nous. Je pense qu’elle se cherchait des amis pour la route… Elle semblait d’ailleurs plutôt déboussolée quand on lui a dit que le refuge Orisson, où elle avait réservé, se trouvait tout en haut de la montagne, à environ 12km de distance… Paul lui a évalué le temps de marche à 3h, à son grand désespoir. Je trouvais qu’il y allait fort – ça nous avait pris environ 1h30, peut-être 2h – mais il m’a dit qu’on roulait pas mal… On lui a offert de regarder nos photos sur l’appareil pour lui montrer à quel point le paysage est beau et que ça vaut la peine de faire le trajet, mais elle a décliné, préférant s’attaquer à son calvaire le plus rapidement possible.
Alors, j’en partage quelques-unes avec vous (si vous en voulez plus, il y en a ici!)…

Le chemin...

En haut de la montagne...

Des petits moutons tout mignons.
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