En voyage, on a tous nos petites manies. Certains s’obstinent à suivre à la lettre les recommandations de guides, qu’ils soient en papier, en pixels ou en chair et en os, alors que d’autres s’obstinent à NE PAS suivre les recommandations de ces mêmes guides. Il y en a aussi qui ne jurent que par les bureaux d’infos touristiques. Les bars, quand on parle la langue du pays, deviennent également une source de conseils intarissables, pour autant qu’on les note ou que l’alcool n’altère pas notre mémoire.
Moi, je fais partie de ceux qui aiment bien s’informer sur la ville – festivals, musées et cinémas en priorité! – avant d’y mettre les pieds avec des guides en papiers, en pixels et en chair et en os… mais j’apprécie encore plus, sur place, me perdre dans les rues pour être surprise.
C’est ainsi qu’à Séville, on est tombés par hasard sur la pension Fabiola, au fin fond d’un cul-de-sac… l’endroit le plus sympa où on a couché lors de notre première visite en Espagne il y a maintenant 6 ans!
Ou qu’à Hawaii, on a trouvé: mon vin californien préféré (Pepi – Sangiovese) – une seule bouteille dans tout le supermarché! Placée avec les vins blancs en plus… un vrai miracle!- et un resto de sushis à tapis roulant – le seul qu’on ait vu sur les trois îles visitées – dans un rayon de 20 pas. On a d’ailleurs pu unir les deux, le vin et les sushis, grâce à la gentillesse de la jeune serveuse qui, moyennant un demi-verre de vin, nous a laissé boire notre bouteille en mangeant, même si ce n’était pas vraiment (ou vraiment pas) dans les habitudes (et les droits) de la maison…

Genki Sushis, sur l'île de Kauai à Hawaii

Le tapis du Genki...

Au Genki avec le Pepi... bourrés à la française et à la québécoise... et heureux! 🙂
Mmmm… Que de bons souvenirs! Cela dit, ça arrive aussi que j’accroche sur un truc lorsque je fais mes recherches préliminaires. Dans le cas de Prague, en lisant, j’ai eu une attaque Cernyaque, et je me suis créé mon musée en me donnant pour mandat de voir chacune des oeuvres de l’artiste David Černý posées dans la ville. Un musée de plusieurs kilomètres donc!
David Černý s’est fait remarquer pour la première fois en 1991, année lors de laquelle il décida de peindre en rose le char symbolisant la libération de Prague par l’Armée rouge. Ce fut son passeport pour la prison… et pour une réputation d’artiste «controversé». Controversé? Audacieux? Culotté? Rigolo? Ce type de jugement dépend tellement de «l’histoire» qui s’est gravée – volontairement ou de force – dans les mémoires, les tissus et les organes de la personne qui regarde l’oeuvre!
Moi, heureusement ou malheureusement, je n’ai jamais vécu sous un régime communiste, je n’étais pas là, lors de la manifestation du 17 novembre 1989 et je n’étais pas encore née lors du Printemps de Prague (expression qui représente pour moi tout autant un festival de musique que les 8-9 premiers mois de 1968..) et du régime qui le précéda. Ma façon de voir l’oeuvre de Černý n’est donc pas gorgée de bons ou de mauvais souvenirs, elle n’est ni idéologique ni politique. Elle est purement nord-américaine. Purement artistique… «plastique». Je ne vois pas du tout la chose sous le même angle qu’un Tchèque, j’en suis persuadée. Ni sous le même angle que moi-même dans un futur plus ou moins rapproché, d’ailleurs. Je donne une tout autre dimension à cette oeuvre, comme un enfant qui voit les volcans comme «des montagnes qui font ATCHOUM» (Voir PetitMonde) ou un nez qui coule comme un «nez qui pleure» (voir Educatout). C’est comme ça que j’aime voir les oeuvres d’art. Et la littérature.
Je crois que par respect pour un artiste, pour son oeuvre, il est important de s’informer sur son histoire, sa démarche, ses intentions (lorsqu’il en a). Mais après, ce que je trouve magnifique, c’est de laisser s’exprimer l’oeuvre en toute naïveté. Dans des millions de directions. De l’enrichir de mille et une émotions, mille et une «significations», mille et une résonnances.
Alors voilà pourquoi je suis curieuse de savoir ce que VOUS, vous en pensez. Vos réflexions, vos impressions m’intéressent! Je vous propose de regarder, de ressentir et de commenter. Parce que maintenant, je vous emmène en ballade visuelle à travers ses installations praguoises… Tous les kilomètres que j’ai faits, je vous les offre sur un blogue d’argent, en photos.
Prêts? Allez hop! On part…
On commence en rose. Back in 1991…
Voici le fameux tank peint en rose qui lança la carrière de David Černý. Comme mon tchèque n’est pas à point et que je peux donc difficilement lire les documents et sites du pays sur le sujet, j’ai pu constater que les informations concernant cette oeuvre sur le Web sont aussi diversifiées que les opinions des gens sur la question… Difficile de mettre tous les morceaux du casse-tête en place…
Mais si j’ai bien compris, Černý a d’abord peint le tank en rose en 1991. Son geste rapidement condamné, Černý fut envoyé en prison et le char, repeint en vert par les autorités. Mais l’incident provoqua la colère de plusieurs parlementaires et certains d’entre eux entreprirent de le repeindre en rose! Leur immunité parlementaire les protégeant, ces derniers n’ont donc pas subi le même sort que Černý qui lui, fut relâché. Selon Lonely Planet, le char fut retiré et remplacé par une fontaine après que l’Union soviétique se soit plaint. Jusqu’à tout récemment, pour le voir, il fallait donc se rendre dans un musée à une quarantaine de kilomètres de Prague. Mais, comme en témoignent les deux photos ci-dessous, j’en ai vu des morceaux, juste à côté de la fameuse fontaine. Il semble qu’ils aient été rapatriés sur la Place Kinsky le 21 août 2008.

À n'en pas douter, c'est bien rose.

En plan plus rapproché.
On poursuit avec l’oeuvre que je souhaitais le PLUS voir: Brownnosers. Située dans la cour de la Galerie Futura, dans un coin moins fréquenté par les touristes de la ville où les jeunes gens se trimballent dans la rue pinte de bière à la main les dimanches matins à 10h, l’installation géante permet de regarder une petite vidéo entre les fesses d’une statue. Le sujet de la vidéo? Le président tchèque et le directeur de la Galerie nationale se nourrissent mutuellement de bouillie!
Mais… pour une raison inconnue, la Galerie Futura n’était pas ouverte le jour de notre visite… Alors voici ce que j’ai pu voir à travers quelques fissures dans la porte…

Vue du premier trou...

Oh! Un deuxième trou...

En désespoir de cause... à plat ventre pour voir sous la porte...!
Pour voir l’installation en photo et bien comprendre l’expression «avoir [une] tête dans le cul», visitez le site officiel de David Černý, donc…
Quo Vadis, qui se trouve dans le jardin de l’ambassade d’Allemagne, est un Trabant (voiture -Allemagne de l’Est) sur quatre pattes (quatre jambes humaines en fait…). L’oeuvre désirerait rappeler l’exode des citoyens de l’ancienne République démocratique allemande en 1989.

On ne voit pas bien, mais c'est quand même assez imposant.
Viselec (Hanging Out), c’est un homme barbu à lunettes (souvent comparé à Sigmund Freud) qui se tient d’une main au-dessus de la rue Husova.

On a vraiment failli le manquer...

...parce qu'il est haut!
Kun (Cheval) se trouve tout près de sa «vraie version», place Vanceslas:

La version «Place Vanceslas»...
La version de Černý, représente Saint Vanceslas chevauchant un cheval mort:

Et celle de Černý.
Miminka (maman), ce sont les fameux bébés géants qui grimpent (gaiement?) sur la Tour de la télévision. Ce qui est identifié comme étant des fentes pour les pièces de monnaies remplace leur visage.

Les petits bébés grimpent vraiment partout!

De plus près...

Et certains se sont évadés au Musée Kampa... À droite, le visage en «trou pour la monnaie»...
Et je termine avec Proudy (Cours d’eau). Ici, on peut voir deux hommes qui urinent «non-stop», comme on dit ici, dans une flaque de pipi (eau) dont la forme rappelle clairement République Tchèque. Et… la statue bouge! Leurs pénis montent et descendent (je leur ai donné un p’tit coup de main comme vous pouvez voir…) pour écrire des citations de résidents tchèques reconnus. J’ai probablement d’ailleurs changé quelques phrases avec mon «aide»… 😛

Il y a comme une thématique «pipi» dans mes derniers voyages... Les Pis de Bruxelles, le monsieur tout nu de San Sebastian et là...

Je voulais qu'il écrive mon nom... 😉
Alors? Vous avez apprécié la p’tite visite?
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