On est arrivés à Prague hier en même temps qu’une autre grande voyageuse qui semble suivre sensiblement le même itinéraire que nous depuis quelques mois: la pluie.
Et si sa force est proportionnelle à son amour pour les villes qu’elle visite, je crois qu’elle aime vraiment beaucoup Prague. Une passion sans précédent qu’elle arrive parfois à «maîtriser», mais qui est ponctuée de débordements émotifs comme celui de 1342 qui mit la Vltava en crue. Une crue dont la violence détruisit le pont Judith, l’ancêtre du célèbre Pont Charles. Ou celui d’août 2002 qui inonda plusieurs quartiers dont Malà Strana l’un des quartiers les plus chargés d’histoire à Prague.
Bref, la pluie a fait une surprise à sa ville chérie hier encore, et à M. Paul et moi, par la force des choses. Une belle surprise bien intense. Nous étions dans un coin pas mal touristique de la ville et on s’est d’abord réfugié dans un café où nos deux allongés ont coûté sensiblement le même prix que notre repas du midi à la Piazzetta, qui comprenait soupe, pizza, jus, bière et vin.
Nous nous sommes donc contentés d’un seul café chacun, malgré le refus de la pluie d’abdiquer, et nous sommes entrés dans une petite église bien cachée dans une cour intérieure, à quelques portes. Notre-Dame de Tin. Une belle église. On a pris le temps de lire, grosso modo son histoire, de faire le tour tranquillement, mais à l’envers… ce qui m’a intriguée… je ne comprends d’ailleurs toujours pas. Jésus s’est fait crucifié avant même d’être arrêté dans le sens où on nous fait faire le tour des tableaux illustrant le chemin de croix.
Nous avons aussi pris le temps de bien examiner chacun des vitraux… qui doivent être magnifiques lorsque le soleil les traverse de ses rayons! Puis nous sommes revenus à l’entrée. Peu de gens visitaient l’église, la plupart se trouvant probablement à l’abri dans des cafés. Parce que la pluie ne lâchait pas le morceau.
Nous avons décidé d’attendre qu’elle diminue un peu pour courir de ce point A à un éventuel point B dont la principale caractéristique recherchée était un «toit». Mais après à peine 3 minutes d’attente, M. le curé est venu nous demander de sortir, faisant un «wouch wouch» des mains. Il a dû comprendre rapidement qu’il n’aurait pour seule réponse deux paires d’yeux intriguées s’il nous demandait «Je vous prierais de bien vouloir sortir, SVP» en tchèque…
J’aurais compris – et en fait nous serions probablement déjà sortis – si l’affluence avait été importante et si, par exemple, nous avions gêné l’entrée. Mais nous étions simplement là, à attendre sans faire de bruit, aux limites du perron de l’église. Tout petits et tout trempés.
Nous sommes quand même sortis affronter le déluge, mais à ce moment précis, j’aurais bien aimé savoir dire «Et la «charité chrétienne»?» en tchèque… Juste pour voir…
Mais mon tchèque n’est pas au point. Nous sommes donc allés noyer notre peine dans un bar. Pendant que la pluie continuait de noyer la ville.
«Il a tant plu qu’on ne sait plus dans quel pays il a le plus plu, mais il m’eut plu qu’il eût moins plu», répétait-on dans mes cours de diction. Avis à mes ex-copains du cours: c’est en Répubique Tchèque, plus précisément à Prague qu’il a le plus plu, je pense…
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