Archive pour 19 mai 2009

MissK, complètement dada ou… gaga ou… simplement mouahaha!

Je ne sais pas si c’est l’accueil absurde de San Sebastian qui a ébranlé mon subconscient plus que je ne l’aurais voulu, mais voilà qu’en plein après midi, sur une terrasse de Bilbao, j’ai, tout sourire, déclaré calmement à un serveur espagnol qui me demandait ce que je désirais manger:

«Je suis une salade mixte sans huile» (Estoy an ensalada mixta sin aceite).

Il m’a regardée étrangement, puis est reparti vers les cuisines sans rien demander de plus.

C’est M. Paul qui, pris d’un fou rire inapaisable, m’a fait remarquer ma bourde. J’étais pourtant convaincue d’avoir dit «Quisiera»…

Peut-être mon subconscient essaie-t-il de me dire que je suis une artiste dada qui s’ignore?

Ou que je suis «un caméléon qui prend la couleur…» non pas «des émotions» mais «des impressions» (vous l’ai-je mise dans la tête?)

Une chose est certaine, ce «moment», c’est l’un de ces p’tits plaisirs inopinés qui permettent de surfer sur les running gags au moins… un après-midi complet!

San Sebastian, capitale de l’absurdité?

Il y a toutes sortes de villes dans le monde. Je ne vous apprends rien. Et il y a toutes sortes de «premiers contacts» avec ces villes qui font que certaines personnes «tombent en amour» avec les Barcelone, Londres, Paris de ce monde alors que d’autres les prennent en grippe parce leur «première impression»  est teintée d’un SPM, s’avère être l’aboutissement d’une journée de c…. ou, tout simplement, se déroule sous la pluie.

Je me souviens, par exemple, de mon arrivée à Héraklion (Crête). Une première impression assassine qui a tristement rendu impossible tout espoir d’empathie de ma part (et de celle de M. Paul) pour cette ville. Nous venions de nous taper un voyage en mer de quatre heures au lieu des deux prévues par le «Super Ferry» à bord duquel nous étions embarqués. Super Ferry qui non seulement était parti en retard de Santorini, mais avançait à peine plus vite qu’un voilier une journée sans vent. Sans compter qu’il mangeait toutes les vagues en pleine proue comme autant d’uppercuts bien sentis. Sentis comme dans «est-ce que je viens de me réincarner en balle de Ping Pong, moi?». Et ne songez pas sortir sur le pont prendre l’air: l’accès est interdit (et probablement fort «humide» par ailleurs). Oubliez aussi l’ingurgitation massive de biscuits soda pour désamorcer les nausées: le p’tit resto était fermé. Donc pas de bouteille d’eau non plus, même si on suffocait en cabine.

Bref, rien qui nous disposait à écouter calmement le film diffusé sur les écrans 12 pouces noir et blanc: «Le pirate des Caraïbes» (!!!), traduit en grec.

Le petit bonbon sec de 2 grammes qu’ils nous ont distribué en guise d’excuses à la fin du voyage ne faisait pas vraiment le poids,..

Fraîchement débarqués dans la noirceur héraklionnienne, nous n’avions donc qu’une suite d’envies bien précises: trouver la pension, se doucher, boire une bière et bouffer. Après, on jasera de la suite éventuelle des choses, et on essaiera de voir si la ville a un charme (bien) caché. Notre marche pour nous rendre vers la première pension que nous avions notée nous fit réaliser que la ville était «fermée» à 21h. Pas de lumière, pas d’enseigne de restaurants… Et tous les voyageurs fraîchement débarqués semblaient se diriger vers la même pension que nous. Comme si nous avions tous le même guide de voyage (ce qui peut être le cas…!)… Après quatre «No vacancy» (au moins, le nombre de chercheurs de gîte diminuait à chaque endroit…), on s’est retrouvés dans une chambre ,ma foi… vraiment crade.

M. Paul m’a jeté un coup d’oeil… «Bah… ça fait la job»… «Me semble que je t’ai connue plus capricieuse et difficile que ça!» Honnêtement, j’étais écoeurée. Écoeurée par la chambre, mais encore plus écoeurée de pas être posée. Atteint d’une écoeurite encore plus forte et plus généralisée que la mienne, M. Paul m’a alors totalement prise par surprise: «Pogne tes affaires, on part d’ici et on s’en va au Megaron». J’ai le goût d’une douche chaude, de me raser nu pied et de me perdre dans un King Size.»  Le Megaron, c’est l’hôtel 4 étoiles qui avait fait office de «première vision» en débarquant du Super Ferry. Probablement pris de pitié demant nos mines déconfites et nos dos courbés par les bancs du Super Ferry… et nos sac-à-dos, ils nous ont fait un super prix.

Ce petit flashback dans lequel je me suis finalement éternisée illustre les raisons pour lesquelles Héraklion ne m’a pas été sympathique. J’ai pourtant adoré la Crête. Mais les astres de cette ville, au moment où j’y suis débarquée, devaient être sacrément mal alignés… Première impression: froide, désagréable et inhospitalière.

Mon arrivée à San Sebastian, samedi dernier m’a plutôt laissé une première impression… absurde. C’est rigolo parce que la veille, sur France Culture, on avait justement écouté une analyse de l’oeuvre de Ionesco dans le cadre d’une série d’émissions spéciales sur l’absurde dans la littérature… Drôle de coïncidence.

Samedi, 14h45. Tout juste arrivés dans la ville, alors que nous nous cherchons un petit café pour casser la croûte, le cellulaire de M. Paul sonne. C’est le propriétaire de la pension où il a réservé. Il veut savoir quand nous prévoyons arriver. M. Paul lui explique que nous sommes justement tout près et que nous allons passer dans quelques minutes. Cinq minutes plus tard, nous arrivons devant la porte. On sonne. Pas de réponse. Re-sonne. Pas de réponse. M. Paul rappelle M. Pension. Il sera là dans 10 minutes. Ça commence bien. Je dois aussi mentionner que j’ai eu le temps de voir l’affiche «P» pour (notre) «Pension» avec une seule petite étoile dessous. Pour être venue quelques fois en Espagne, je sais que nous avons toujours rebroussé chemin quand nous sommes entrés «voir» des pensions à une étoile. Il y a tellement de belles pensions bien tenues en Espagne que c’est dommage de passer à côté… Mais bon, c’est réservé. Et je me raisonne: tant que je ne l’ai pas «vue», ça donne rien d’être mécontente… Puis je sais que M. Paul a fait des recherches parce que la pension où il voulait que nous dormions (parce qu’il y avait déjà logé) était pleine. Il a donc senti qu’il était préférable de réserver pour ne pas se retrouver à la rue…

Du coup j’essaie de détendre l’atmosphère… et de meubler l’attente (parce que ça doit déjà faire au moins 5 minutes qu’on attend): «Regarde bien ça: il va arriver dans 20 minutes, complètement saoul. Il est au bar juste à côté :)».  Ma tentative n’est pas très réussie… On est tous les deux un très affamés et un peu exaspérés. Et vice versa.

Mais mes prédictions étaient bonnes: il ne s’est effectivement pointé qu’une vingtaine de minutes plus tard et puisque nous l’avons croisé dans un bar immédiatement après notre «check-in», nous pouvons imaginer qu’il y était peut-être aussi AVANT…  Quant à la chambre, ça peut aller. On repassera pour le cachet espagnol, mais ça semble propre. La salle de bain est «à usages multiples» d’où l’unique étoile, mais ça ne me dérange pas… à priori.

Un accueil un peu… étrange. Quoiqu’on en a vu d’autres… Mais c’est la suite qui m’a fait basculer dans l’absurdité. Je raconte.

On s’est promenés tout l’après-midi: marche dans les petites rues, visite à la citadelle, arrêt au bar de la citadelle, descente dans le port… C’est d’ailleurs là qu’on a vu un monsieur trotter dignement, parmi la foule, complètement nu. Tout nu tout nu tout nu. Tout nu et tout sourire. J’ai voulu prendre une photo mais M. Paul avait peur qu’il soit assez cinglé pour nous attaquer. J’en doute, mais je n’ai, de toute façon, pas réagi assez vite pour sortir notre appareil photo de mon sac. J’étais… médusée. Et amusée. Il est descendu au bord de l’eau et s’est soulagé dans la mer sous le regard ahuri des touristes et citoyens qui se sont pressés au dessus du quai…

Un peu plus tard en début de soirée, j’ai croisé un homme-homard sur la plage. Il dansait gaiement dans le sable humide. Lui, je l’ai photographié, question de me rassurer sur ma santé mentale :

L'homme-homard de la plage San Sebastian... Pour une pincé de plaisir (roulement de tambour avec finale de cymbale)...

L'homme-homard de la plage San Sebastian... Pour une pincée de plaisir (roulement de tambour avec finale de cymbale)...

Le lendemain matin, je me suis levée assez tôt, question d’éviter l’heure de pointe à la douche. Mais «notre» salle de bain était occupée. Je me suis donc dirigé vers la 2e de l’étage, à quelques pas. Sitôt entrée, ça cogne à la porte. Un mec visiblement en «fin de soirée» me demande, dans un anglais approximatif – ou approximativement en anglais – si j’ai du shampooing. Je n’avais pas envie qu’il s’éternise alors j’ai dit «non». Il m’a regardée ahurie et je lui ai dit que je me lavais les cheveux avec le savon à mains (oui, je sais, n’importe quoi!). Il m’a alors dit d’aller dans l’autre salle de bain. «You’re done?», lui ai-je demandé. «Yes». Alors je prends mes trucs pour m’y rendre. Mais il reste là et me fait signe d’entrer. Je lui demande alors s’il est sûr d’avoir terminé et l’invite à sortir avant que je n’entre. C’est quand même pas très grand… Et il me lance «No, come WITH me in the shower». Dans ce type de situation, on dirait que notre répartie prend soudainement les jambes à son cou. J’aurais aimé lui répondre une platitude du tac au tac, mais je n’ai pu qu’appuyer mon regard mi-étonné/mi-exaspéré d’un «Noooooon!» aux sourcis froncés avant de tourner les talons et de m’embarrer dans la salle de bains d’où je venais.

Quel accueil, quand même! Un «bonjour» basque d’une douce absurdité qui m’a et me  fait bien rigoler 🙂

P.S. Je finirais en disant que la fameuse pension une étoile, finalement, était plutôt ordinaire. Pour la chambre, ça a été, mais disons que le ménage semblait facultatif les week-ends dans les salles de bains. On a donc cohabité avec la paire de bobettes Calvin Klein de M. Shampooing qui traînait par terre à côté de la douche tout le week-end.  Juste à côté de la cendre de cigarette qu’il avait «toppée» par terre… Sympathique…


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