Ce matin en marchant vers le gym (je vous raconterai… mais pas ce soir), je suis passée devant un cinéma, qui est tout près de chez-moi. Il était environ 9h55. J’ai jeté un coup d’oeil aux films à l’affiche. Oh! Je l’aimais, une tragédie amoureuse basée sur le tout petit livre d’Anna Gavalda que j’ai lu il y a, ma foi, plusieurs années et qui met en vedette Marie-Josée Croze et Daniel Auteuil y joue. 12h55. Sans trop m’en rendre compte, je classe l’info dans la section «Things to do» de mon cerveau, et je cours au gym, où je dois être dans maintenant 2 minutes.
Avant de poursuivre, il faut que je vous dise que depuis que je suis arrivée en France, j’ai retrouvé le temps et l’envie de vivre une autre de mes grandes passions, en plus des voyages, de la lecture, de la marche à perte d’horizon et… de la vie tout court: me plonger dans un film et vivre une panoplie d’histoires et d’émotions par procuration. Et vous aurez beau essayer de me convaincre de mille et une façons qu’un cinéma maison c’est le top en matière d’expérience cinématographique… Dans mon coeur, RIEN ne vaut les bonnes vieilles salles de cinéma, même si l’écran est tout petit, que le son est mono, que les bancs sont tout creusés et que le manque de déclinaison de la salle fait en sorte que n’importe quelle tête, frisée ou non, nous cache si elle est dans le siège devant nous. Même celle d’un enfant de 4 pieds. Tant que la séance débute avec une série de preview, qu’elle se termine par le générique complet et qu’entre les deux il fait noir comme dans le fin fond d’une grotte une nuit sans lune et sans étoiles, je suis comblée.
Donc à ma sortie du gym, vers 11h55, mon cerveau paresseux a ressorti la première carte au-dessus de toutes celles dédiées aux «Things to do» et a sommé mes jambes de se diriger vers le cinéma. Le film débutant seulement une heure plus tard, les grilles étaient encore fermées. Je suis donc allée dans un café juste à côté. J’en ai profité pour lire et prendre un léger goûter sur la terrasse, au soleil (non, pas de profitérole pour cette fois!). Complètement hypnotisée par ma lecture (La malédiction d’Edgar de Marc Dugain, pour qui ça intéresse), je n’en ai émergé qu’un bon 50 minutes plus tard, l’air paniqué de qui n’a pas entendu le cadran et se réveille en retard. 12h45. Ça commence dans 10 minutes! Je jette un coup d’oeil pour voir s’il y a foule au cinéma (ce qui est souvent le cas ici). Et… il y a effectivement «mini-foule», mais les grilles sont toujours fermées. Je paye le serveur et lis 2-3 pages de plus. 12h50. Nouveau coup d’oeil: tout est fermé. 12h54. Je me lève pour rejoindre les autres cinéphiles qui font la file (enfin, avec le concept de «file» ici… dire qui «attendent» serait plus juste).
13h. Eille! J’espère qu’il y a beaucoup de pubs et que mes previews ne seront pas grugés! La grille s’ouvre. J’entre. Je paye. En plus, j’ai envie de pipi! Et je me suis déjà fait prendre: je sais qu’il vaut mieux aller aux toilettes AVANT parce qu’après, on sort… par la VRAIE sortie. Celle de «secours». Celle dont les portes ouvre sur la rue. Là où il n’y a plus de toilettes…
– Vous pouvez m’indiquer où sont les toilettes, monsieur, SVP?
– Dans la salle, en bas à droite.
Bouche-bée et… pas 100% convaincue, je dois l’avouer, je me dirige vers la salle de projection (13h03). HORREUR! Mes previews sont entamés! Mon regard bifurque vers la droite et oui, je vois bien les – rassurants – petis symboles «homme / femme». Débat intérieur. Previews, envie, previews, envie, previews... «Envie» l’emporte. Mais je fais vite.
De retour dans la salle, c’est la bande-annonce du dernier Almodovar, Les étreintes brisées, qui commence. Je n’aurai donc eu droit qu’à une bande-annonce complète. Mais au moins, c’en est une qui vaut la peine! Et ça me rappelle qu’en étant ici, je pourrai voir le film dans les prochaines semaines… alors qu’au Québec, il faudra probablement attendre un peu. Petit moment de joie.
Mais si on recule un peu dans le temps… Dites-moi, au Québec, qu’arriverait-il si la personne en charge du cinéma n’ouvrait les portes que 5 minutes APRÈS le début de la première séance? Est-ce que l’importance de la ponctualité est soulignée dans le best-seller «L’art du service à la clientèle»? Pourtant, un truc qui me frappe ici c’est à quel point, dans toutes les communications écrites affichées en magasin, la notion de «clientèle» est louangée… Au Franprix, par exemple, dès qu’il y a un message à passer (erreur de circulaire, heures d’ouvertures modifiées, etc.), toutes les communications commencent invariablement par «Nous désirons avertir notre aimable clientèle que…».
Oh! De fil en aiguille, ça me fait aussi penser à un autre «moment service à la clientèle». Dans une boutique, une aimable vendeuse me donnait gentiment des informations sur un produit que je désirais, éventuellement, me procurer. Elle était «toute à moi» jusqu’à ce qu’un de ses collègues ne débarque, complètement déboussolé par le fait qu’elle n’avait pas encore «attaché» ses vacances d’été. C’est à ce moment que j’ai cessé d’exister. Il fallait absolument qu’elle détermine immédiatement, sans délai, le moment où elle prendrait ses vacances, en août prochain. Sans quoi il ne pourrait avoir son «ticket vacances». Il risquerait alors de partir (en juillet, je le précise) sans autorisation (i.e. sans ce fameux ticket délivré par M. Boss) et donc de se retrouver sans emploi à son retour, pour cause de non respect des politiques de l’entreprise. Ses vacances sont en juillet. On était en avril… Je n’ai recommencé à exister qu’une quinzaine de minutes plus tard, après avoir assisté à une charmante prise de bec entre deux employés. Peut-être un autre chapitre à ajouter au livre?
Après tout, ce sont des choses qui me semblent «naturelles» à moi, mais j’ai depuis longtemps compris que toutes les notions qui ont «gros bon sens» dans leur définition sont élastiques selon plusieurs facteurs culturels, psychologiques, anthropologiques et logiques-tout-court que je n’énumérerai pas ici. Parce que sinon, pourquoi faudrait-il que les fabricants de sèche-cheveux mettent ces éléments dans leur page de mises en garde:
– Ne pas utiliser l’appareil dans le bain.
– Ne pas mettre l’appareil dans l’eau ou dans tout autre liquide.
(source: Andis)
Ceci dit, j’espère n’offusquer personne avec mes constatations. Je ne parle pas du Québec parce que je n’y suis pas actuellement, mais je suis convaincue qu’à mon retour, je serai à même d’observer une foule de détails qui m’étonneront, m’enrageront, me séduiront ou… me feront simplement rigoler comme c’est le cas ici :).
Quant au film, je suis encore ambivalente. C’est un beau film. Les acteurs sont remarquables. Daniel Auteuil, qui respire la résignation dans son rôle de beau-père qui «prend les choses en mains» dès le début du film, arrive aussi à nous faire sentir toute la fébrilité de son amour et son insécurité dans les scènes de flashback qui relatent l’histoire d’amour qu’il a vécue 20 ans auparavant. Deux rôles au caractéristiques psychologiques et physiques complètement différentes pour un même personnage; rôles joués par un seul acteur aux performances donnant l’impression d’avoir devant soi deux personnes distinctes. Quant à Marie-Josée Croze, elle est «vraie», tout simplement. Belle et vraie. Parfois rafraîchissante, parois «pesante», toujours «Mathilde»… Mais malgré tout, il me manquait quelque chose pour embarquer à 100% dans le film. Est-ce le fait que j’aie inconsiemment comparé avec le souvenir que j’avais de ma lecture du livre? Le rythme du film qui ne convenait pas au rythme auquel je vivais les émotions livrées par les personnages? Le fait que deux histoires soient imbriquées l’une dans l’autre? Je ne sais pas encore. Mais il me manquait un p’tit quelque chose. Peut-être était-ce la frustration d’avoir manqué une partie des previews…? 😉
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