Je sors de la douche. «Ouan, pis?», me direz-vous probablement. Pour le plus grand plaisir de mes oreilles, soit-dit en passant, qui gigottent de plaisir chaque fois que l’accent québécois leur frôle le tympan. Donc «Ouan, pis?», «Ouan, pis?», «Ouan, pis?»… Ben, OUAN PIS, ça m’a donné une idée de billet pour le blogue. Voilà.
J’ai déjà exprimé via courriel et sur Facebook avoir découvert que je n’étais pas faite pour le Squeegeesme. Marie-Julie me qualifie de junkie, mais je dois avouer que je ne suis pas une junkie à squeegee. Pourtant, petite, je regardais les môssieurs, juchés dans dans leur nacelle au 46e étage des gratte-ciels, alors qu’ils nettoyaient les vitres à grands coups de squeegees, et je me disais que «ça devait donc être suuuuuuuper comme job»… Aujourd’hui, j’ai compris que c’est plus l’idée d’être suspendue dans le vide au 46e étage que celle de squeeger qui me séduisait. Parce que parmi les choses que J’HAÏS à Paris, il y a le râclage des vitres et du petit racoin qui sert à rien mais qui dégoutte – au squeegee, vous l’aurez compris – après chaque «douchage».
Moi-même dégoulinante, je dois faire passer la douche avant mon corps et m’appliquer à y essuyer consciencieusement chaque gouttelette avant d’en sortir pour enfiler une serviette. À défaut de quoi, selon ce que M. Paul m’a expliqué, je créerai un lac artificiel à côté de la toilette.
Parfois, malgré mon excellent travail, je vois poindre la naissance d’un ruisseau. Je m’attèle donc soigneusement à la tâche jour après jour pour ne pas que ça dégénère. C’est là mon p’tit calvaire quotidien.
Pour me motiver, j’ai tenté de trouver une autre raison pour laquelle cette tâche pourrait s’avérer essentielle. Deux motivations valent mieux qu’une… Et j’ai toujours aimé les lacs, la mer, l’eau… Alors c’est risqué à moyen terme…
OUAN PIS, ce soir, j’ai trouvé: les coulisses de tartre occasionnées par le calcaire. Voilà définitivement le genre de truc qui m’énerverait. J’explique.
L’eau de Paris est qualifiée de «dure». C’est-à-dire qu’on y retrouve, si on se fie à EAU DE PARIS, de 80mg à 100mg de calcium par litre, ce qui est comparable à certaines eaux minérales. Résultats?
Primo, ceux qui n’aiment pas les produits laitiers y trouvent leur compte pour de bons os et de belles dents. Chouette, quand même! Surtout qu’ici, c’est le lait style «Grand Pré» qui a la cote. Ce n’est pas mauvais, mais ce n’est pas ce à quoi j’ai été habituée…
Deuxio, je ne sais pas pourquoi ni comment, mais l’eau gorgée de calcaire ramollit la corne comme aucun produit de pédicure ne peut le faire. Une douche parisienne et vous voilà les pieds qui s’épeluchent comme une orange bien mure. Je vous épargne les détails, mais disons que ma podiatre est assurée d’avoir besoin d’une heure complète pour venir à bout de mes pieds quand je la visite… aux deux mois! Alors je vous assure que voir toutes ces pelures – qui habituellement s’empilent jusqu’à l’insensibilité – tomber quotidiennement, ça surprend. Mais quand on comprend et qu’on se procure une bonne pierre-ponce, ça fait miroiter de belles économies en terme de soins de pieds! Quoique je pourrais réinvestir le tout en massages… Mmmm…
Tertio – et c’est ici que naît ma motivation supplémentaire – chauffée, l’eau parisienne provoque des dépôts de tartre. Nos casseroles ont donc le fond plein de p’tit ronds tout blancs; la belle céramique noire de la cuisine a des coulisses blanches si on a le malheur d’y éclabousser un peu d’eau (et dans une cuisine dont la superficie fait le tiers du garde-robe que j’avais dans mon bureau sur le Plateau… ça arrive!); et le bidule en acier inoxydable encastré dans le comptoir pour faire sécher la vaisselle se transforme en imitation ménagère de tableaux de Jackson Pollock. J’attends d’ailleurs impatiemment la reproduction maison de Naked man with knife… J’imagine donc les coulisses dans les vitres de la douche. Et je me dis que squeeger est certainement moins pire que de devoir torcher par la suite pour nettoyer avec le super chasse-tartre, ce produit miracle à la bouteille mauve qui se nomme «Anti-Calcaire SURPUISSANT – Salle de bain, cuisine, toilette, garage». Alors voilà ma nouvelle motivation.
Je termine en disant que:
- J’ai employé squeegee tout au long du billet, mais en français, je devrais plutôt parler de «raclette de finition». J’ai essayé mais je n’ai pas été capable. Mes doigts refusaient de taper… Puis l’idée que mes môssieurs dans leur nacelle tienne une «raclette de finition» tue du coup tout leur aura héroïque dans mon imaginaire.
- Au rayon des produits ménagers, à côté de l’«Anti-Calcaire SURPUISSANT – Salle de bain, cuisine, toilette, garage», il y a le M. Propre. Oui, oui, c’est le cousin français de notre M. Net. Et là, j’avoue que j’aime bien M. Propre. C’est agréable à dire M. Propre. «M. Propre». Essayez, vous verrez. Les deux «R» donne une sensation de nettoyage en profondeur. De râclage de la saleté, justement. Et en plus, je trouve que sur la photo qui illustre le produit, M. Propre a un p’tit je-ne-sais-quoi de plus viril que M. Net…
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